samedi 16 avril 2011

L'OTAN à court de bombes, prétend le NYT

Est-ce une simple (im)posture politique de l'administration Obama, relayée dans la presse, ou y a-t-il du vrai dans ce qu'affirme ce matin le très sérieux New York Times, à savoir que l'OTAN serait déjà à court de bombes ? Et qui est visé par ce missile médiatique ?
L'article des deux confrères afirme même que les chasseurs de l'OTAN ne sont pas en mesure de tirer les munitions que les Etats-Unis seraient en mesure de leur faire parvenir (1), ce qui, techniquement, est une contre-vérité : en tout cas, cela demande explications.
Les bombes Mk82 (227 kg) sont standardisées au sein de l'OTAN, tout comme les kits de guidage. La France utilise par exemple des GBU-12 et 49 (sur Mk82) et des GBU-24 (sur Mk84). Tous ces munitions ont été tirées, depuis le 19 mars, avec des AASM, type, qui il est vrai, n'est utilisé que par la France.
Mais la France en dispose de plusieurs centaines d'exemplaires -si ce n'est plus- et malgré des journées très denses qui ont vu le tir de plus de 10 AASM quotidiens, on n'en est d'ailleurs pas à se poser la question de ce que l'on va bien pouvoir tirer.
L'EMA l'avait d'ailleurs assuré, en réponse à une question de votre serviteur, le 31 mars. Rappelant au général Jean-Jacques Borel que la France avait connu de gros problèmes de stock de kits de guidage en 1999, lors du Kosovo (2), je lui avais demandé s'il y avait un risque de ce type en 2011. Il m'avait répondu par la négative, en précisant que cela avait été "pris en compte".
Rappelons que 1.200 bombes Mk82 avaient été commandées en 2009 à la société SAMP, alors en difficulté, dans le cadre du plan de relance de l'économie, pour 8 MEUR.
Un millier de kits de guidage Paveway-2 avaient aussi été commandés en 2008 pour 22 millions de dollars, et livrés depuis l'an dernier. Donc rien de grave, a priori, de ce côté-là non plus.
La problématique des objectifs durcis et stratégiques n'a pas non plus de souci à se faire : les stocks de missiles Scalp-EG sont bien remplis, et on n'en a tiré qu'une petite dizaine...

(1) si vraiment il y avait problème, les pays qui ont décidé de ne pas tirer la moindre bombe -les deux tiers des pays de la coalition- peuvent céder les engins dont ils ont décidé de ne pas se servir : c'est le principe d'une alliance militaire.

(2) obligeant à tirer un très grand nombre de bombes lisses : 398 sur un total de 988 bombes et missiles largués. A ce sujet, lire RAIDS (hors-série n°33), les ailes françaises au combat, 1994-2009.