lundi 27 septembre 2010

La com de crise fragilisée

Faute d’avoir su offrir des perspectives et, semble-t-il, de la considération, à ses experts dans la communication, l’armée de terre les perd un à un. Plus grave encore, leur relève n’a ni le grade ni l’ancienneté pour prendre leur suite, créant un vrai vide qui posera quelques problèmes dans les années à venir. Et sans doute, dans la capacité de communication de crise (1), régulièrement mise à l’épreuve, ces dernières années, par les pertes en Afghanistan et une série de faits divers sans précédent. C'est une évidence, pour faire de la communication de crise, il faut avoir quelques crises au compteur, et les avoir vécu de près.
Or l’Afghanistan consomme deux de ces experts par an, au poste de conseiller communication –un mandat de six mois-, un cinq-galons régnant sur une trentaine de personnels de la filière (officiers communication, photographes et caméramen de l’ECPA-D et des Sirpa Terre Images). Un théâtre exigeant, qui ne souffre pas le manque d’expérience. Ou la méconnaissance des journalistes.
Sans compter, évidemment, d’autres théâtres toujours susceptibles de se déclarer. La difficulté pour trouver ces professionnels aguerris semble se retrouver, parfois, chez les subalternes (2).
La marine est moins concernée par ces différents problèmes, grâce à une école taillée sur mesure, les préfectures maritimes. Ces dernières ont une forte production de communiqués de presse, parfois pluri-quotidienne, et connaissent parfaitement leur réseau de correspondants, nationaux et régionaux.
Ces communicants sont, de plus, accoutumés à la communication de crise. Ils ont de plus une approche inter-administrations particulièrement enrichissante. Le prochain chef du Sirpa Marine pourrait être issu de cette filière formatrice et efficace.
Comme les autres armées, la marine a choisi, jusqu’à maintenant, de confier sa communication à un cinq galons breveté. Critère auquel s’ajoute obligatoirement un commandement à la mer. Il n’est plus rare, désormais, que ce poste débouche sur une promotion au grade d’officier général, qui n’est cependant pas automatique.
En ce qui concerne l’état-major des armées (EMA), la fiche de poste n’a pas cessé de varier, entre anciens opérationnels venus à la communication (Baptiste, Prazuck) et de purs opérationnels, comme l’actuel titulaire du poste (3). Si, là encore, c’est souvent une planche de lancement vers les étoiles (Baptiste, Prazuck), c’est souvent aussi et avant tout un poste très exposé, vis-à-vis de la presse, mais aussi de la communauté militaire. Certains ne s’en sont jamais remis.

(1) une ancienne officier communication de l'armée de terre soutient, ce matin, un mémoire sur ce thème.
(2) pour régler ce problème, les directions du personnel semblent commencer à privilégier des profils de sous-officiers choisissant la com en deuxième carrière. Plusieurs cas concluants sont déjà visibles dans la marine, ainsi que dans l'armée de terre (combat camera teams)
(3) Le colonel Thierry Burkhard, légionnaire parachutiste, a servi au CPCO, section Europe, puis comme assistant militaire du général Lecerf en Côte d’Ivoire, puis n°2 de l’EMA Com (2007-2008) et enfin chef de corps de la 13e DBLE. Le 23 août dernier, deux heures après être arrivé à son nouveau poste, il répondait aux questions de la presse sur deux morts de la TF Hermes. Et quelques heures plus tard, devait déminer un début de polémique sur un tir fratricide.